vendredi 23 novembre 2007
Pleure pas Boulou
Cours après cours, au fur et à mesure que vous tentez de progresser dans la connaissance du système immunitaire, vous commencez à réaliser que le domaine est quelque peu complexe. Alors, un conseil: AVANT LE COURS, prenez le temps de lire dans un bon livre d'immunologie le chapitre correspondant au cours (je vous ai donné une liste des meilleurs livres). En fait, cela vous prendra un peu de temps et vous en fera gagner beaucoup.
En effet, en immunologie, les notions les plus simples méritent quelques réflexions. Deux exemples : je vous ai dit à un moment :
« Un antigène peut être un anticorps et un anticorps peut être un antigène »
A un autre moment, je vous ai dit ;
« les signaux de danger permettent de distinguer le non-soi pathogène du non-soi non pathogène »
Avouez que ces petites phrases apparemment simples méritent quelques réflexions ! Elles me font penser à ces paroles extraites d’une magnifique chanson de Pierre Bachelet, artiste sensible malheureusement disparu. Dans sa chanson « Pleure pas Boulou », Pierre raconte la conversation de deux enfants assis sur le bord d'un trottoir. Le petit, Boulou a la vie difficile et le grand essaye de le consoler en lui expliquant :
"Plus on est grand et plus c'est pire moins c'est marrant
Moins on est gai et moins qu'on s'marre évidemment
Moins qu’on est p’tit et plus c’est moins qu’on est pas grand ».
Là aussi, il faut un petit temps de réflexion avant de réaliser ces vérités « chantantes ».
Alors, vous qui êtes grands, lisez bien le chapitre avant le cours et courez acheter l'album de Pierre Bachelet « Quelque part…c’est toujours ailleurs » pour écouter « Pleure pas Boulou ».
Bonne soirée
dimanche 11 novembre 2007
Hello, I am
Pour ceux qui s'intéressent au nom du chanteur qui commencait toujours ses concerts en disant « Hello, I am… », il s’agit de Johnny CASH. A ce propos et si vous ne l'avez pas déjà vu, courez voir le film "WALK THE LINE" qui est l'histoire de la vie de Johnny CASH et celle d'une seconde chance.
...et merci à mon fils Renaud qui m'a fait découvrir ce film.
Du monde de BIOPOLIS à celui des COLOSPHÈRES…
Lors du premier cours d'immunologie, vous avez peut-être découvert pour la première fois BIOPOLIS, cité des sciences située à SINGAPOUR, cité état qui est l’un des quatre « dragons » d’ASIE.
À BIOPOLIS, on s’imagine être déjà en 2107 et cette cité donne une image concrète de ce qu'est la puissance d'un grand centre de recherche. Dans mon cours, j'ai utilisé l'image de cette cité et celle de son nouveau bâtiment de recherche dénommé IMMUNOS pour illustrer la place de plus en plus grande que prend et que prendra l’immunologie en recherche fondamentale et pour le développement de nouveaux médicaments. Si vous voulez retrouver quelques photos de BIOPOLIS, vous pouvez aller sur le site suivant :
http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://dheera.net/photos/singapore2004/work/biopolis_6.gif&imgrefurl=http://dheera.net/photos/thumb.php%3Fq%3Dsingapore2004/work&h=75&w=100&sz=7&hl=fr&start=2&sig2=q64kwDoI_gaZGGnm7joVCQ&um=1&tbnid=ZtVbsMSptjlO9M:&tbnh=62&tbnw=82&ei=Xfw1R8iZH6HKwAGYjayaDA&prev=/images%3Fq%3Dbiopolis%2Bnovartis%26svnum%3D10%26um%3D1%26hl%3Dfr%26sa%3DN
Pour ma part, j'ai une toute petite d'avance sur vous car je ai eu la chance de visiter BIOPOLIS… la semaine dernière. Dirigeant une petite équipe de recherches à la faculté de pharmacie, une telle visite amène immédiatement à se poser une question : Face à la remarquable concentration de compétences et de moyens techniques trouvés à chaque étage des laboratoires de BIOPOLIS, devant les énormes investissements réalisés par le gouvernement de SINGAPOUR ou par de grandes firmes pharmaceutiques (Novartis, déjà présents à BIOPOLIS vient d‘annoncer un nouvel investissement de 486 millions d'euros pour la construction d’un site de production de médicaments biotechnologiques) et devant la volonté d'un pays entier qui veut jouer un rôle majeur dans le domaine biomédical, comment une petite équipe ou, à une autre échelle, comment notre pays peut il être compétitif devant un tel déploiement de forces ? La même question peut se poser pour vous, futur praticien ou futur chercheur dans le domaine de la santé, ou pour notre pays devant la force d’autres pays émergeants tels que l’INDE et la CHINE.
Je n'aurai pas la prétention d'avoir les réponses à une telle question. Je me contenterai d'évoquer les quelques principes que j'essaie de mettre en pratique pour tenter de répéter à l'échelle de mon équipe l'histoire de DAVID contre GOLIATH.
Si l'on est DAVID, le premier principe est d'abord d'avoir des idées. Vous vous dites, des idées il y en a de nombreuses. Peut-être, mais les bonnes idées sont plutôt rares. C'est notamment l'opinion d’Alex MATTER qui a dirigé le développement d'un nouveau médicament le Gleevec. Ce médicament a transformé le pronostic de certains cancers tels que les leucémies myéloïdes chroniques. Pour Alex MATTER, il y a un déficit de créativité tout du moins en recherche sur le cancer. Pour en savoir plus, vous pouvez aller sur le site: http://www.windhover.com/contents/monthly/exex/e_2004900006.htm.
Alors la solution bien sûr, ce serait d'avoir la bonne idée. Là, il y a un problème, car lorsque l'on pense avoir trouvé la bonne idée, il est à peu près certain qu' il y a dans le monde au moins 100 autres chercheurs qui ont la même bonne idée au même moment. La solution doit donc être ailleurs.
La solution est peut-être d'avoir la bonne idée dans un domaine peu exploré. Là, il y a une piste intéressante. C'est tout du moins celle que prône un des plus grands immunologistes européens, Antonio LANZAVECCHIA . Lors d'une discussion avec lui à laquelle assistait un Renato DULBECCO (prix NOBEL de physiologie et médecine en 1975), j'ai demandé à Antonio pourquoi travaillait-il actuellement sur les lymphocytes T mémoires (que vous retrouverez à un moment donné dans le coup d'immunologie)? Sa réponse a été simple : « Parce que c'est un domaine sur lequel peu d'équipes travaillent ». Lorsque l'on connaît le talent d'Antonio et ses formidables accomplissements en sciences, la réponse mérite d'être méditée.
Toujours sceptique, vous penserez alors qu'un domaine peu exploré est certainement un domaine peu intéressant. Certainement pas. En dehors des lymphocytes T mémoires, domaine de grande importance en immunologie, je vais prendre deux autres exemples en recherche sur le cancer.
Premier exemple, celui des métastases. Alors que les métastases sont la principale cause de décès par cancer, très peu d'équipes travaillent dans le domaine des métastases. Trop difficile, trop complexe, les raisons sont multiples.
Second exemple : il est avéré que l’un des obstacles en recherche sur le cancer est l'absence de modèles expérimentaux pertinents. Fort de ces constats, la stratégie de notre équipe a donc été de travailler dans le domaine des métastases et de développer de nouveaux modèles expérimentaux.
Une autre solution est d'avoir non seulement une idée intéressante dans un domaine exploré met avoir plutôt un concept innovant. Par rapport à une idée relativement concrète, on nomme concept une idée abstraite et général. Avoir une bonne idée n'est déjà pas si facile, alors, travailler sur un concept innovant est particulièrement rare. C'est pourtant ce que fait un des enseignants chercheurs de mon équipe, le Dr Virginie DANGLES-MARIE, que vous allez avoir comme enseignante en immunologie. Virginie a rejoint le laboratoire il y a plus de 10 ans pour travailler sur son propre concept, les modèles expérimentaux en trois dimensions (3-D). De façon simple, l'immense majorité des laboratoires travaille avec des modèles expérimentaux de cellules qui sont placées en deux dimensions (2-D), c'est-à-dire en tapis cellulaire. Or, notre organisme n'est pas en deux dimensions comme un tapis mais bien en trois dimensions. Dès 1996, Virginie suivie immédiatement par un ingénieur CNRS du laboratoire, Sophie RICHON, a voulu travailler sur des modèles en 3-D. Récemment, Sophie et Virginie ont développé un modèle particulièrement original, celui des colosphères qui est un modèle de cancer du colon et de métastases de ces cancers en 3-D. Si j'étais à SINGAPOUR, c'était notamment pour présenter une partie des résultats sur les colosphères. Alors le monde des colosphères peut-il vraiment exister lorsque existe le monde de BIOPOLIS? La réponse semble oui puisque nos résultats ont visiblement intéressé beaucoup de monde si j'en juge par le nombre de questions posées : la session où je présentais ces résultats se finissait à 13 heures et j'ai dû répondre à de multiples questions jusqu'à plus de 15 heures !
Alors suffit-t-il à DAVID d'avoir un concept innovant pour exister face à GOLIATH ? La réponse ne serait pas complète si je n'évoquais pas le mode de fonctionnement de notre équipe. En fait, celle-ci bénéficie de collaborations étroites avec d'autres équipes de notre faculté, avec d'autres laboratoires de recherche à l'extérieur de la faculté et avec des équipes de plusieurs hôpitaux et notamment avec des équipes du centre René Huguenin . C'est grâce à ce réseau de compétences que l'on peut bénéficier d'un large panel de techniques indispensables pour progresser. C'est également grâce à cette organisation en réseau que l'on peut établir un pont entre le laboratoire de recherche et des services cliniques hospitaliers, conditions nécessaires pour que les résultats de la recherche se traduisent en innovations susceptibles de bénéficier directement aux malades en termes de traitements ou de méthodes diagnostiques. C'est ainsi que notre équipe a pu développer plusieurs méthodes diagnostiques qui sont distribuées et utilisées dans le monde entier.
Finalement, la visite de BIOPOLIS est un formidable stimulus et nous force à mieux réfléchir pour que les DAVID continuent d'exister la tête haute devant les GOLIATH. En pratique, vous pouvez dès aujourd'hui commencer à rêver d'un séjour à BIOPOLIS. SINGAPOUR est un état très accueillant pour les étudiants qui veulent y faire des stages à différents niveaux. Des étudiants de nombreux pays l'ont déjà compris, à l'exception malheureusement des étudiants français. Alors, pourquoi pas vous ?
dimanche 12 août 2007
20 ans de recherche sur la biologie des cancers
A l'occasion des 20 ans d'EUROCANCER, principal congrès européen en cancérologie organisé chaque année par le Profeseur Michel MARTY et le Professeur Michel BOIRON, j'ai fait à leur demande une revue sur 20 ans de recherche sur la biologie du cancer. Cette revue a été présentée aux journalistes lors d'une conférence de presse. Le sujet semble les avoir intéressé puisque plusieurs articles ont été écrits et un sujet a été fait par Carolyne BAYLE pour le journal de Claire CHAZAL sur TF1. Pour le cas ou une telle revue sur 20 ans de recherche vous intéresserait également, voici le texte remis aux journalistes . Bonne lecture
20 ans de recherche sur la biologie des cancers:
Les illusions perdues… Les véritables avancées…
Et les leçons à retenir.
En Europe, le nombre de patientes et de patients atteints d'un cancer ne cesse d'augmenter (1). De ce fait, il y a parfois une interrogation sur les progrès faits en recherche sur le cancer et sur l'impact de ces progrès dans la prise en charge de la maladie cancéreuse. Pour répondre à cette interrogation, cette présentation sera orientée sur les avancées qui ont pu se faire en biologie des cancers au cours des 20 dernières années et sur les innovations biomédicales qui sont issues de ces avancées.
En préambule, il est bon de rappeler ce que l'on définit par innovations biomédicales : à la différence de l'invention qui peut être une idée brillante, une innovation biomédicale correspond à un résultat concret, à un produit utilisé par les praticiens au bénéfice de leur malades, nouveau médicament ou nouvelle méthode diagnostique pour ne citer que ces exemples. Les patientes et les patients sont donc concernés directement par les innovations issues des recherches sur la biologie du cancer.
En termes d'innovations, beaucoup d'illusions ont été perdues depuis qu'a été lancé le 23 décembre 1971 par Richard Nixon, président des Etats-Unis, le plan de guerre contre le cancer. Alors que, l'homme venait de poser le premier pied sur la lune (20 juillet 1969), l'éradication des cancers apparaissait comme un objectif atteignable. Malgré d'immenses investissements, il a été considéré 25 ans plus tard que la science avait échoué face au cancer, comme l’avait alors titré en couverture la revue « La Recherche » (février 1996). Depuis cette époque, a-t-on perdu de nouvelles illusions ou a t’on gagné quelques combats contre le cancer ? Avant de répondre à ces questions, il est intéressant de se remémorer les espoirs mis dans la recherche sur le cancer au milieu des années 90 et de relire les prévisions faites à cette époque par les meilleurs scientifiques (2). Parmi les perspectives attendues, il avait été prédit que tous les gènes de susceptibilité à la plupart des cancers seraient bientôt connus, ce qui permettait alors d'envisager le développement de tests pour diagnostiquer une susceptibilité particulière à certains cancers. Au moment où le séquençage du génome humain était en cours (le projet « Génome Humain » a été lancé en 1990), une telle prédiction paraissait réaliste. Achevé en 2000, le séquençage de notre génome n'a pourtant pas encore permis l'identification de l’ensemble des gènes de susceptibilité. D'autres retombées espérées de ce séquençage ne sont toujours pas apparues : la connaissance de notre génome devait aboutir à la découverte plus rapide d'un plus grand nombre de médicaments anticancéreux, prédiction qui reste encore une illusion.
Si une analyse objective montre que, depuis le début du troisième millénaire, de nombreuses illusions ont été perdues, il est indéniable que, au même moment, une meilleure connaissance de la biologie du cancer a conduit à de réelles innovations. Ces innovations sont en accord avec les prévisions faites en 1995 par J. Michael Bishop (prix Nobel de physiologie et de médecine en 1989 avec Harold E. Varmus pour la découverte des oncogènes). En bref, celui-ci estimait qu'il serait nécessaire d'avoir une vision globale des circuits moléculaires qui conduisent une cellule normale à devenir cancéreuse pour pouvoir identifier des cibles pertinentes de médicaments (2). Une des avancées majeures en biologie du cancer au cours des 20 dernières années est effectivement la perception de cette vision globale, perception issue des résultats de centaines d'équipes de recherches et résumée dans un article publié en 2000 par Douglas Hanahan et Robert A. Weinberg dans la revue Cell (3). Cet article montre que, pour devenir cancéreuse, une cellule normale doit présenter six altérations clés: échapper à la mort cellulaire programmée (apoptose), produire ses propres facteurs de croissance, devenir insensible aux facteurs anti-croissance, avoir un potentiel réplicatif illimité, maintenir l'angiogénèse et enfin, avoir des capacités d'invasion et de migration qui conduiront au développement de métastases. Surtout, il est progressivement apparu que, dans la cellule, les mécanismes moléculaires conduisant à ces six altérations utilisent souvent les mêmes circuits jalonnés par un nombre relativement limité de gènes et de protéines clés. En identifiant plusieurs de ces gènes et de ces protéines clés, les avancées de la recherche en biologie des cancers ont permis d'identifier les cibles pertinentes de nouveaux médicaments. Ces médicaments constituent aujourd'hui ce que l'on appelle communément les thérapies ciblées. Parmi ces nouveaux médicaments, certains sont de petites molécules comme le Gleevec® utilisé pour le traitement des leucémies myéloïdes chroniques et des tumeurs gastro-intestinales stromales, alors que d’autres sont des anticorps tels l' HerceptineTM utilisé pour le traitement des cancers du sein métastatiques ou l’Erbitux® utilisé pour le traitement des cancers colorectaux métastatiques. Ces thérapies, issues des progrès en biologie et en biotechnologies, sont ciblées à double titre: à l'échelon cellulaire, elles ciblent un composant précis de la machinerie cellulaire tel qu’un récepteur pour un facteur de croissance, par exemple le récepteur à l’EGF (HER1) pour l’Erbitux®. À l'échelon des malades, ces thérapies sont ciblées sur des groupes de patientes ou de patients qui expriment la cible au niveau des cellules cancéreuses et qui sont donc susceptibles de bénéficier de la thérapie ciblée. C'est le cas de l' HerceptineTM qui n'est destiné qu’aux patientes dont le cancer du sein exprime fortement un récepteur cellulaire dénommé HER2. Là encore, la recherche sur la biologie des cancers a conduit à de véritables innovations puisqu'il existe des tests pour sélectionner les patientes susceptibles de bénéficier de l' HerceptineTM. Aujourd'hui, il fait peu de doute que ces thérapies ciblées, bien que très coûteuse et encore destinées à un nombre limité de malades, constituent de véritables avancées dérivées directement de la recherche sur la biologie des cancers.
Outre les innovations apparues en cancérologie au cours des cinq dernières années, plusieurs leçons peuvent être tirées des travaux de recherche effectués en cancérologie au cours des deux dernières décennies. La première leçon, bien qu'évidente, mérite pourtant d'être souligné : toute innovation est dérivée d'une recherche fondamentale et cette recherche souvent menée pendant de longues années conduit parfois à des innovations imprévues et fort éloignées de l’objectif initial. Un exemple frappant est celui des anticorps monoclonaux découverts par Georges J.F. Köhler et César Milstein en 1975 (prix Nobel de physiologie et de médecine avec Niels K. Jerne en 1984). De leur aveu même, ces chercheurs qui travaillaient sur les capacités du système de défense immunitaire à « se débrouiller » face à des « envahisseurs inconnus » n'avaient pas imaginé que leur découverte serait à la base de nombreuses thérapies ciblées et de multiples tests sanguins (4). Pour l'anecdote, cette découverte qui est l'une des plus importantes en biologie et en médecine au cours des 40 dernières années n'a jamais été protégée par un brevet, le cabinet de brevet ayant examiné le dossier n'ayant pas perçu l'importance de cette avancée !
Une seconde leçon est l'importance de l'interdisciplinarité. Ceci est bien illustré par les travaux de Stanley N. Cohen et Herbert W. Boyer, les pères du génie génétique. C'est grâce à la rencontre de Herbert W. Boyer, un spécialiste des enzymes bactériens, et de Stanley N. Cohen, un spécialiste des plasmides (fragments d'ADN circulaire trouvés presque exclusivement dans les bactéries) qu'a été trouvé la première technique de génie génétique. Pour l'anecdote, cette rencontre s'est faite dans une pâtisserie de Waikiki à Honolulu ! De l'importance des patisseries en recherche… Leur contribution est à la base d'immenses progrès en biologie des cancers et en biotechnologies. C’est grâce aux techniques de génie génétique qu’ont été conçus les anticorps monoclonaux chimériques ou humanisés. Ces anticorps sont les principes actifs de nouveaux médicaments comme le Rituxan®, un anticorps chimérique pour le traitement de lymphomes non-hodgkiniens ou comme le Campath®, un anticorps humanisé pour le traitement de leucémies lymphoïdes chroniques. Toujours pour l'anecdote, leur découverte a été brevetée et ce brevet est considéré en biotechnologies comme « le brevet du siècle » en biotechnologies tant pour son importance scientifique que par ses retombées financières.
Troisième leçon, l'histoire des grandes avancées scientifiques en biologie des cancers au cours des 20 dernières années comme celle des innovations issues de ces avancées montre que leurs auteurs ont parfois connu des moments difficiles et qu'ils ont souvent dû faire preuve d'une incroyable persévérance. Ceci est illustré par les recherches menées sur l'angiogénèse et qui, après des décennies de recherche, ont finalement conduit au développement de l’Avastin™, anticorps humanisé aujourd'hui utilisé dans le traitement des cancers du colon métastatique.
Une autre leçon que nous donne l'observation de la recherche en biologie au cours des dernières années a trait aux espaces de liberté. De façon claire, les progrès les plus significatifs se font le plus souvent lorsque les équipes scientifiques disposent d'espaces de liberté, que ces espaces résultent d'une volonté politique, de la chance ou du hasard. C'est par exemple l'esprit de liberté et de multicultures régnant alors à l'institut d'immunologie de Bâle et au Medical Research Council de Cambridge en Angleterre qui a permis de formidables avancées scientifiques, a conduit à trois prix Nobel et a contribué à une amélioration de notre qualité de vie (4).
Finalement, la principale leçon à retenir des dernières années est que les grandes avancées scientifiques et les innovations en cancérologie sont le plus souvent issues de chercheurs ou plutôt de trouveurs avec un esprit ouvert, original voir atypique, toujours persévérants, bénéficiant d'un espace de liberté et travaillant à l’interface entre les disciplines. À nous et à nos politiques d'en tirer les conséquences pour les prochaines années…Surtout, l’observation des avancées récentes en biologie des cancers montre qu’il n’y a jamais eu autant d’opportunités pour innover et, sait on jamais, pour retrouver des illusions perdues.
Références
1. Ferlay, J., Autier, P., Boniol, M., Heanue, M., Colombet, M., and Boyle, P. Estimates of the cancer incidence and mortality in Europe in 2006. Ann Oncol, 18: 581-592, 2007.
2. Through the glass lightly. Science, 267: 1609-1618, 1995.
3. Hanahan, D. and Weinberg, R. A. The hallmarks of cancer. Cell, 100: 57-70, 2000.
4. Alkan, S. S. Monoclonal antibodies: the story of a discovery that revolutionized science and medicine. Nat Rev Immunol, 4: 153-156, 2004.
Pr Dominique Bellet
Service de médecine nucléaire
Laboratoire d'oncobiologie
Centre René Huguenin, Saint-Cloud
et
Laboratoire de physiologie hépatique UMR 8149 CNRS
Faculté des sciences pharmaceutiques et biologiques de Paris
Université Paris Descartes
samedi 11 août 2007
Un peu plus d' informations sur nos activités de recherche
En allant aujourd'hui sur mon blog pour préparer la prochaine rentrée, je réalise que je ne vous ai donné que peu d' informations sur les activités de recherche menées dans notre laboratoire universitaire (UMR 8149 CNRS) et dans le laboratoire hospitalier dont j'ai la responsabilité au Centre René Huguenin de Saint-Cloud (Laboratoire d'oncobiologie). Je profite donc de cette période estivale pour vous donner ces quelques informations.
Des laboratoires « atypiques »…
Notre laboratoire universitaire est «atypique » pour au moins deux raisons. La première est son faible effectif puisqu'il n’est composé que de cinq enseignants chercheurs (Pr Pierre BEDOSSA, Pr Dominique BELLET, Pr Valérie PARADIS, Pr Thierry POYNARD, Dr Virginie DANGLES-MARIE), d’un chercheur CNRS (Dr Dominique ZELISZEWSKI) et d’un ingénieur CNRS (Sophie RICHON). La seconde est que les cinq enseignants chercheurs ont tous des fonctions hospitalières et partagent donc leur temps entre l'université et l'hôpital.
Mon laboratoire hospitalier est également « atypique » puisque c'est le seul laboratoire de biologie spécialisée d'un centre de lutte contre le cancer à être inclus dans un service d'imagerie médicale, en l'occurrence celui de médecine nucléaire du Dr Alain PECKING au Centre René Huguenin. Ce laboratoire est entièrement dédié aux dosages des marqueurs biologiques de cancer, dosages utilisés pour la détection et la surveillance des cancers.
Les thèmes de recherche…
Notre laboratoire universitaire comprend trois équipes:
§ celle dirigée par Pierre BEDOSSA travaille sur la physiopathologie des maladies chroniques du foie,
§ celle dirigée par Thierry POYNARD travaille sur la fibrose hépatique, son histoire naturelle, son diagnostic et son traitement
§ celle dont j'ai la responsabilité travaille sur les métastases hépatiques et sur leur diagnostic.
Mon laboratoire hospitalier, en parallèle à son activité de biologie clinique, est spécialisé dans le développement de nouveaux marqueurs biologiques pour la détection et la surveillance des cancers.
Les résultats en recherche…Une étude vient d'être publiée sur les résultats de la recherche biologique et médicale en France. Cette enquête dont la grande presse s'est faite écho (vous pouvez par exemple consulter un article paru dans LES ÉCHOS le 23 juillet et accessible à l'adresse suivante: http://www.lesechos.fr/info/sante/4602748.htm) est très instructive.
Nous savions déjà que, dans notre laboratoire universitaire, Thierry POYNARD était le chercheur le plus productif : d’après la base de données bibliographiques PubMed qui recense toutes les publications scientifiques des chercheurs, Thierry a 392 publications. (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/entrez/query.fcgi?DB=pubmed). Par comparaison, je n'en ai que 134 ce qui veut dire que, lorsque je publie un article, Thierry en publie trois ! De plus, un article de Thierry publié dans le Lancet en 1998 (Lancet.1998. 352/1426-1432) a été classé en 2001 comme le cinquième article le plus cité en médecine.
L’étude récemment publiée porte sur les travaux de 12000 chercheurs français et nous apprend que Thierry POYNARD est classé dans le Top 50 des meilleurs chercheurs puisqu'il est en 23ème position. Il est également intéressant de noter que les deux chercheurs placés en première et en seconde position sont respectivement Arnold MUNNICH et Alain FISHER, tous les deux professeurs dans notre université Paris Descartes. Le chercheur placé en cinquième position est également un professeur de notre université, Bernard ROQUES, qui est professeur à la faculté des sciences pharmaceutiques et biologiques de Paris.
De la recherche à l'innovation ...
Cette semaine sont parus les chiffres du commerce extérieur français et vous pouvez vous demander pourquoi je vous en parle aujourd'hui. Il apparaît que notre balance commerciale est déficitaire puisque le solde semestriel est déficitaire de plus de 15,4 milliards d'euros. D'après le secrétaire d'État en charge du commerce extérieur, Hervé NOVELLI, une des raisons qui explique ce déficit est très clairement un déficit d'innovations et donc un déficit en nouveaux produits susceptibles d'être vendus hors de France par nos entreprises. D'où la nécessité pour le Secrétaire d'État comme pour notre Président ou pour notre Premier Ministre de soutenir la recherche qui est à la base des innovations.
Dans ce contexte, comment se situe notre laboratoire de recherche ? S’il est actif en recherche, participe-t-il également à l'innovation et à la valorisation ? Rappelons que la valorisation est la deuxième mission de la recherche publique aux termes de la loi de 1982 (D’après « La gestion de la recherche publique en sciences du vivant » Rapport de la cour des comptes, Mars 2007)
Avant de situer notre laboratoire, précisons d'abord ce que l'on entend par innovation : « L’innovation se distingue de l’invention en cela que la seconde peut être une idée brillante, mais que la première n’existe que si elle s’incarne. Dans le monde économique, on ne parle d’innovation que si celle-ci va jusqu’au marché » (D’après «Ce que je crois» d’Hervé Sérieyx.)
Alors sommes-nous simplement un laboratoire de recherche ou également un laboratoire innovant ? Pour en juger, il suffit de regarder le nombre de brevets obtenus par les chercheurs du laboratoire (il s'agit du nombre de brevets obtenus et non du nombre de brevets déposés puisque, comme les publications, il ne suffit pas de soumettre un brevet, il faut également qu'il soit accepté et publié). Autre critère encore plus important, il faut regarder le nombre de produits innovants issus des brevets. Ce critère est beaucoup plus drastique puisque moins de 0,6 % (0,56 % pour être exact) des brevets conduisent à un produit innovant (D’après Research Technology Management et « L'innovation : une démarche collective ».Les Échos, 4 novembre 2003).
Dans le domaine de l'innovation comme dans celui de la recherche, notre champion est encore Thierry POYNARD avec cinq brevets et cinq produits sur le marché (tests de diagnostic non invasifs pour la prise en charge et le traitement de patients) soit un score de 100 % de produits développés par brevet ! En termes d'innovations, mon propre score n'est pas si mal puisque j'ai actuellement 15 produits sur le marché (tests pour la détection et la surveillance de cancer, pour le dépistage de trisomie 21 et pour le diagnostic de sepsis) pour 18 brevets soit un score de 83 %, ce qui reste encore au-dessus du chiffre moyen de 0,56 %. Pour Thierry comme pour moi, nos produits sont distribués dans le monde entier, Europe, États-Unis, Amérique du Sud, Asie...
Quels enseignements les étudiants peuvent-ils tirer de notre expérience en recherche et en innovations ?
Quelques enseignements peuvent être tirés de notre expérience en termes de recherche et d'innovations. De façon intéressante, j'ai dû faire dans le cadre du congrès EUROCANCER qui s'est récemment tenu à Paris, une revue sur la recherche sur le cancer au cours des 20 dernières années. A cette occasion, je me suis intéressé aux éléments essentiels qui conduisent à de réelles découvertes et à de vraies innovations. Plusieurs enseignements tirés de l'observation de chercheurs « innovants » sont en adéquation avec notre propre expérience. Sans vouloir trop généraliser, les avancées sont souvent le fait de chercheurs ou plutôt de « trouveurs » « atypiques », persévérants, bénéficiant d'un espace de liberté et travaillant à l'interface entre les disciplines. Pour ceux qui connaissent toutes les facettes de Thierry POYNARD, ce profil lui convient parfaitement puisqu'il est à la fois un expert en hépato-gastroentérologie… et en biomathématiques. De mon côté, j'ai toujours travaillé à l'interface entre l'immunologie et la cancérologie, ce qui m'a amené à développer des tests immunologiques utilisés en cancérologie… mais aussi en pathologie infectieuse et en gynécologie obstétrique. Si travailler à l'interface entre les disciplines est indubitablement une source d'innovations, ce mode de fonctionnement est encore peu intégré dans le monde universitaire où il est préférable d'appartenir à une seule discipline. Ainsi, les autorités de tutelle de notre pays ont parfois quelques difficultés à classer notre laboratoire qui n’est ni un « pur » laboratoire d'immunologie ni un « véritable » laboratoire de cancérologie. Notre positionnement est cependant logique puisque, depuis 20 ans, nous avons volontairement fait le choix de travailler à l’interface entre les différentes disciplines : immunologie, cancérologie, hépato- gastroentérologie, biomathématiques ou biologie cellulaire. À l'extérieur de l'université, la reconnaissance d'un laboratoire qui travaille aux interfaces entre les disciplines est plus facile, notamment auprès des patientes et des patients : légitimement, nos malades sont d'abord intéressés par les innovations dont ils peuvent bénéficier et ne se préoccupent pas de la discipline qui est à l'origine de l'innovation. Le monde politique, à l'écoute des citoyennes et des citoyens, et le monde industriel, sont bien entendu réceptifs à l'innovation et comprennent facilement notre positionnement. Les travaux de recherche que j'ai menés m'ont donné le plaisir de recevoir en Italie et en présence du Président de la République, un prix prestigieux de l’« Accademia Nazionale dei Lincei » (équivalent de l’Académie française), le Prix international Arnaldo Bruno. Quant aux tests que nous développons, ils sont fabriqués par des sociétés françaises, allemandes, japonaises et le seront bientôt par une société suisse. Pour eux, peu importe la discipline, seules comptent les capacités innovantes.
L'autre enseignement qui peut être tiré de notre expérience est l'importance de la recherche fondamentale. Ceci mérite d'être souligné à l'heure où beaucoup s'interrogent sur le moyen de développer la recherche dite « translationnelle », recherche qui est censée conduire à des innovations. En fait, il n'y a pas de recherche « translationnelle » qui ne s'appuie sur une recherche dite « fondamentale ». Prenons l'exemple d'un des tests que nous avons développé et qui est maintenant utilisé chaque année par plusieurs millions de patientes ou de patients. Ce test mesure le taux de procalcitonine (PCT) dans le sang et sert notamment pour le dépistage d'infections bactériennes chez les malades présentant une infection pulmonaire basse. De telles infections sont responsables de 10 % de la mortalité mondiale et de 75 % de l'utilisation des antibiotiques. Une équipe suisse a démontré et publié dans le LANCET (Christ-Crain M et col. Lancet. 2004 ; 363 : 600-607.) que le dosage de PCT permet de diminuer la consommation d'antibiotiques d'environ 50 % en cas de pathologie pulmonaire basse, d'où le succès mondial de notre test qui a fait l'objet de 900 publications scientifiques depuis sa description. L'origine du dosage de PCT est pourtant peu connue et mérite d'être rapportée. En fait, la technique utilisée dérive de travaux effectués par mon équipe de recherche à la fin des années 80 et publiés en 1987 dans Journal of Immunology (Ghillani P et col. J.Immunol. 1987 ; 138 : 3332-3338). Nos résultats démontraient pour la première fois qu'un anticorps est capable de distinguer une seule fonction chimique. À l'époque, aucun d'entre nous n'imaginait que ces travaux allaient mener 20 ans plus tard à un test utilisé dans le monde entier. Vingt ans… Cela souligne l'importance de la persévérance ! Le long délai entre les premiers résultats observés au laboratoire et le développement de produits innovants n'a pas échappé à notre secrétaire d'État au Commerce extérieur : cette semaine, Hervé NOVELLI a rappelé que, compte tenu du délai entre la découverte et l'innovation, il faudrait un temps certain pour que l'effort de recherche qui doit être faite en France contribue à l'émergence d'innovations… et à l'amélioration de notre balance commerciale.
Autre enseignement, nos résultats en recherche et en innovations sont indubitablement liées à l'appartenance de nos cinq enseignants chercheurs au monde universitaire et au monde hospitalier. Ainsi, cette double appartenance permet d'effectuer à l'université les travaux de recherche les plus fondamentaux avant de transférer les résultats de ces travaux au niveau des malades grâce à notre appartenance hospitalière.
Et l'avenir…
Ceux qui, comme Thierry ou moi-même, ont vécu et travaillé aux États-Unis savent que, dans ce pays comme aujourd'hui en France, l'important n'est pas ce que l'on a fait mais ce que l'on est capable de faire. Alors oublions le classement des chercheurs, les articles scientifiques publiés et les tests réalisés puisqu'ils appartiennent déjà au passé. Ce passé a tout de même un intérêt, celui de donner une certaine expérience pour développer et réaliser de nouveaux projets. Alors que faisons-nous ? Fort des travaux réalisés en recherche fondamentale au cours des dernières années, Thierry et moi pensons être en mesure de développer de nouveaux tests. De plus, nous sommes rejoints par Virginie DANGLES-MARIE qui, en collaboration avec Sophie RICHON et sur des bases similaires, interface, persévérance, originalité, réalise actuellement des travaux de recherche porteurs d'innovations. Virginie et Sophie en collaboration avec plusieurs équipes dont celle de Marie-France POUPON, une des meilleures spécialistes du processus métastatique, et celle du professeur Marc POCARD, chirurgien à l'hôpital Lariboisière, ont mis au point des modèles expérimentaux originaux. Ces modèles sont maintenant utilisés pour l'étude du processus métastatique et pour la sélection de nouveaux médicaments ciblant les métastases. À nouveau, le transfert des résultats en clinique va être accéléré par les étroites collaborations qui sont établies entre notre laboratoire universitaire et les services hospitaliers, au premiers rangs desquels se trouvent le service de médecine nucléaire du docteur Alain PECKING au centre René Huguenin et le service d’Hépato-gastroentérologie du groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, service dirigé par Thierry POYNARD.
Ces perspectives nous rendent raisonnablement optimiste pour le futur, d'autant qu’un événement attendu et un rêve contribuent à cet optimisme. L'événement attendu serait l'arrivée d'un nouvel enseignement chercheur avec un profil hospitalo-universitaire qui serait en parfaite adéquation avec nos profils (pour les étudiants en pharmacie, ce nouvel enseignant viendrait remplacer le professeur Jean-Michel BIDART qui a rejoint la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry). Le rêve serait que soient respectées les recommandations faites par les auteurs de l'étude sur la recherche biologique et médicale en France. Une de leurs recommandations est de favoriser « les grands instituts multidisciplinaires abritant de nombreuses petites équipes, réunies autour d'un projet précis de trois à quatre ans, largement dotés et réunissant un à trois chercheurs entourés d'étudiants.. ». N'est-ce pas ce qui se fait à la faculté des sciences pharmaceutiques et biologiques de Paris, et à une autre échelle, dans notre laboratoire ? Une autre suggestion faite par les auteurs de l'étude nous paraît forcément intéressante : En toute logique, les auteurs de l'étude recommandent de donner à la cinquantaine de chercheurs « hors normes » « une liberté d'action totale et des moyens pratiquement illimités pour rivaliser avec leurs concurrents de Boston, de San Diego ou de Londres ». Alors rêve ou réalité ? L’avenir nous le dira. En attendant, vous qui êtes étudiants dans notre faculté, n'hésitez pas à venir nous voir. Vous verrez, l'atmosphère est intéressante et nous avons au mur un très beau poster où il est écrit en grand : « On n'arrête pas un rêve qui marche ». Alors rêvons et marchons !
Bonne soirée et bon dimanche
jeudi 17 mai 2007
la lettre de Guy MOCQUET...Qu'il étudie bien...
Je ne connaissais pas la lettre de Guy MOCQUET écrite le 21 octobre 1941, la veille de son éxécution par les nazis à l'age de 17 ans et demi. Ce texte émouvant qui vient d'être remis à l'honneur est une magnifique leçon de courage et de vie. Pour le cas ou vous ne l'auriez pas encore lu, la voici...
"Ma petite maman chérie,
mon tout petit frère adoré,
mon petit papa aimé,
Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon coeur, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean. J'ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. Quant au véritable je ne peux le faire hélas ! ...
J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées elles pourront servir à Serge, qui, je l'escompte, sera fier de les porter un jour. A toi petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée.
Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme.
17 ans et demi, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine.
Je ne peux pas en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, je vous embrasse de tout mon coeur d'enfant. Courage !
Votre Guy qui vous aime"
Parmi les messages qu'il nous envoie, deux me touchent particulièrement.
Le premier en tant que pharmacien et médecin ou plus simplement en tant qu'homme...
"Je vais mourir demain". Quel courage face à la mort et comment insuffler le même courage à nos malades et à nous même lorsque la situation est ou sera désespérée.
Le second en tant qu'enseignant...
"Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme." Etudier est une chance que Guy MOCQUET n'aura pas eu suffisamment longtemps . En tant qu' enseignant, nous avons le bonheur et le devoir d'offrir cette chance à nos étudiants. Eux, VOUS avez l'opportunité et le devoir de la saisir...pour vous-même...et en mémoire de Guy MOCQUET.
Je vous remercie d'y réfléchir.
Dominique Bellet
PS: Si vous voulez en savoir plus sur la vie de Guy MOCQUET, vous pouvez notamment visiter le site;
http://fr.wikipedia.org/wiki/Guy_M%C3%B4quet
jeudi 12 avril 2007
Quelques informations sur les activités de recherche
Bonjour,
Un petit message pour vous informer qu'à partir de la semaine prochaine, vous pourrez trouver des informations sur les activités de recherche et de développement que nous menons à l'université Paris Descartes (nouveau nom de l'université René Descares-Paris 5) et au Centre René Huguenin (Centre de lutte contre le cancer de Saint-Cloud).
Nos recherches sont basées sur plusieurs concepts innovants. Le premier concept que je développe depuis plus de 20 ans est basé sur les similitudes entre les mécanismes d'invasion et de migration employés par les cellules cancéreuses et par les cellules placentaires qui entourent l'embryon au cours de la grossesse. Effectivement, ces cellules placentaires doivent bien envahir l'utérus et migrer dans celui-ci pour que l'embryon puisse s'implanter. En étudiant les cellules placentaires, on peut donc apprendre beaucoup...sur les cellules cancéreuses qui, elles aussi, peuvent migrer et envahir un tissu adjacent.
Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez lire la revue que nous venons de publier:
C. Ferretti, L. Bruni , V. Dangles-Marie, A.P. Pecking ,D. Bellet .Molecular circuits shared by placental and cancer cells, and their implications in the proliferative, invasive and migratory capacities of trophoblasts. Hum Reprod Update , 13(2):121-41, 2007. Epub 2006 Oct 26.
En suivant ce concept, nous avons pu progresser dans la connaissance de l'hCG (hormone chorionique gonadotrope ou human chorionic gonadotropin) et de sa sous unité bêta produite par les cellules placentaires et par de nombreux cancers. Nous avons aussi découvert le gène INSL4, exprimé par les cellules placentaires en début de grossesse ... et par certaines cellules cancéreuses. Nous avons aussi développé plusieurs tests qui sont utilisés dans le monde entier pour le dépistage de la trisomie 21 ...et pour la détection ou la surveillance de certains cancers. Ce concept permet donc d'innover dans le domaine de la reproduction ou dans celui du cancer.
Deux précisions importantes: une sur l'innovation puisque je viens d'employer le verbe "innover". L'innovation se définit ainsi:
L’innovation se distingue de l’invention en cela que la seconde peut être une idée brillante, mais que la première n’existe que si elle s’incarne. Dans le monde économique, on ne parle d’innovation que si celle-ci va jusqu’au marché. D’après «Ce que je crois» d’Hervé Sérieyx
A titre d'exemple...
Découverte en 1928 par Fleming, La pénicilline ne devient une innovation que lorsqu’en 1941, Florey et Chain l’introduisent effectivement en thérapeutique. D’après «Ce que je crois» d’Hervé Sérieyx.
J'insiste sur le mot innovation, car une des principales caractéristiques du laboratoire universitaire et du laboratoire hospitalier dans lesquels je travaille est de faire une recherche fondamentale dont les résultats sont transférés en clinique (en anglais,"From the bench to the bed"). Ces activités de recherche fondamentale suivies d'activités de recherche translationnelle ont abouti au développement de tests effectués à partir d'une simple prise de sang. Ces tests sont de véritables innovations puisqu'ils sont utilisés journellement par des milliers de laboratoires: 13 tests ont déjà été développés.
Dernier point et non des moindres, lorsque j'écris "nous", c'est pour rendre immédiatement hommage aux équipes qui m'entourent et sans lesquelles rien ne se serait fait ou rien ne se fera.
A la semaine prochaine pour plus d'informations sur nos récents résultats et sur les programmes de recherches en cours.
jeudi 22 février 2007
Cours immunité antitumorale
Bonjour,
Un petit message pour vous signaler que le cours sur l'immunité antitumorale qui fait partie de l'enseignement coordonné de cancérologie a été placé dans l'intranet au niveau du dossier correspondant à l'enseignement coordonné d'immunologie.
Bonne fin de journée
jeudi 15 février 2007
Cours hypersensibilité type II,III et IV
Bonsoir,
Voici deux adresses de sites que j'ai trouvé particulièrement intéressant:
le premier contient des informations claires sur les incompatibilités foeto maternelleshttp://www.snv.jussieu.fr/vie/dossiers/gpes-sanguins/03merefoetus.htm
Le second est également extrêmement bien fait sur les hypersensibilités aux médicaments et aux aliments.
J'espère que mes cours vous ont intéressé et que votre curiosité vous incitera à visiter ces sites.
La semaine prochaine, nous parlerons d'immunité antitumorale.
Bonne fin de semaine
Dominique Belletsamedi 3 février 2007
cours allergie
Un peu compliqué l'immunologie ...bien comprendre en quelques heures de cours équivaut à vouloir jouer au tennis comme Roger Federer en 10 leçons! Un peu difficile. Alors, pour progresser, il faut lire quelques bons livres... et réfléchir. Avec le cours sur l'hypersensibilité de type I que je viens de mettre sur l'intranet, vous trouverz une liste de livres que j'utilise assez souvent . Il ya également un cours intéressant fait par l'université de Virginie:
http://faculty.virginia.edu/brashers/powerpoint%20shows/
Bonne lecture ou bon voyage en Virginie en espérant que vous ne deviendrez pas allergique ...
à l'immunologie.
mardi 23 janvier 2007
vaccination
Bonsoir,
Le cours sur la vaccination est particulièrement important tant sur le plan personnel que professionnel. Il peut vous aider à répondre à des questions que vous même, votre entourage ou vos futurs clients, clientes, patients ou patientes peuvent se poser.
Dans cet esprit, il peut être intéressant d'aller consulter plus précisément les recommandations qui vous sont faites sur le site où se trouve également le calendrier vaccinal. Voici les adresses correspondant au calendrier vaccinal de 2005 et de 2006.
http://www.invs.sante.fr/beh/2005/29_30/index.htm
http://www.invs.sante.fr/BEh/2006/29_30/index.htm
Dès l'année prochaine, n'oubliez pas d'actualiser vos connaissances sur les nouvelles recommandations qui peuvent être faites et sur les avancées dans le domaine de la vaccination. Comme vous avez pu le voir ce matin, le sujet est toujours d'actualité.
Bonne soirée
jeudi 18 janvier 2007
Cours immunodéficience
Je vous rappelle le chemin sur l'intranet de l'université :
suivez le chemin:
Espace collaboratif - Faculté de pharmacie - Les enseignants informent –
Cursus pharmacie – 2éme cycle - 4éme année - Immunologie
Bon courage pour ce sujet qui n'est pas l'un des plus faciles.
Un des intérêts de l'immunologie est entre autres... sa complexité qui pousse à l'interrogation et à la réflexion.
Bonne soirée